L’Institut de physique nucléaire : Le Diamant Noir de Jacques Perrin Fayolle, 1963

Le campus universitaire de la Doua à Villeurbanne et l’architecte Jacques Perrin Fayolle (1920-1990)

Il y a quelques années, lorsque je traversais le campus à vélo pour visiter un copain qui logeait dans une des résidences étudiantes, je n’avais pas vraiment conscience qu’un patrimoine architectural original s’inscrivant dans le modernisme ou dans sa continuité se dressait sous mes yeux.

La faculté des sciences, l’INSA ont été conçues par l’architecte Jacques Perrin Fayolle. En m’y intéressant davantage, j’ai découvert que cet architecte, inconnu pour moi, avait eu un parcours extrêmement productif dans la région Lyonnaise et ailleurs aussi : l’hôpital cardio Louis-Pradel, la bibliothèque de la Part-Dieu, l’école centrale de Lyon et tant d’autres. Il a bâti dans tous les domaines : équipements scolaires, hospitaliers, universitaires, logements collectifs, individuels.

Phillipe Dufieux, professeur d’histoire de l’architecture à l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon, lui rend ses lettres de noblesse dans son bel ouvrage : « Jacques Perrin-Fayolle architecte de l’enseignement supérieur de la métropole de Lyon » aux éditions PUL. (Presse universitaire de Lyon)

Jacques Perrin Fayolle se forme à l’école d’architecture de Lyon à partir de 1941 en passant par l’école des beaux-art de Paris et l’atelier d’architecture Pontremoli-Leconte en 1946. Il remporte plusieurs prix dont le grand prix de Rome d’architecture en 1950.

Il effectue de nombreux voyages à travers le monde : l’Amerique en 1948 ( New-York, San Francisco, Chicago..). Il découvre les travaux de Mies Van des Rohe, la résidence d’été et la célèbre maison sur la cascade de Franck Lloyd Wright qu’il esquissera dans son carnet de voyage. Il découvre Moscou (58), le Brésil (62), le Mexique, le Venezuela. Son style prend appui sans aucun doute sur ses voyages. Je note par exemple que les bas-reliefs du temple Maya d’ Uxmal (Mexique) ont été une source d’inspiration certain pour les ouvrages réalisés avec la collaboration du sculpteur Denis Morog. (Voir plus loin le bâtiment de Darwin – Campus de la Doua)

En 1954, il est nommé architecte des bâtiments civils et palais nationaux et architecte conseil du ministère de la santé publique.

Et l’année d’après il est chargé de concevoir les plans du campus universitaire de la Doua à Villeurbanne et de construire sur 90 hectares: l’INSA, un institut de recherche nucléaire, une bibliothèque scientifique, l’école sup de chimie industrielle, des restaurants, des résidences universitaires.

Les travaux débutent en 1957. Aujourd’hui le campus de la Doua accueille 22000 étudiants.

Depuis 2016, un vaste projet de réhabilitation, de modernisation des bâtiments dans une visée de développement durable a débuté.

Ce chantier sans précédent concernait et concerne 22 bâtiments car aujourd’hui ces travaux titanesques ne sont pas encore achevés.

Passionnés, je vous invite à découvrir le site de la Doua : son patrimoine architecturale encore trop méconnu et dans cet article l’édifice « Le diamant noir », institut de physique nucléaire.

Le Diamant Noir 

Le bâtiment Bâtiment n°212 – Emile Haeffely suscite immédiatement de la curiosité par son aspect mystérieux, il est facilement identifiable en forme de pavé avec sa couleur noire et sa texture particulière en pointe de diamant sur laquelle des carreaux de céramiques émaillés sont collés. La base de chaque diamant mesure un mètre quinze. Aujourd’hui, les chutes de ces quelques carreaux laissent entrevoir des briques rouges. ce bâtiment abrite trois accélérateurs de particules, des équipements de recherche de pointe dans le domaine de la physique nucléaire.

Son architecture, à la fois fonctionnelle et avant-gardiste pour l’époque, est un témoignage du modernisme des années 1960, tout en étant spécifiquement adaptée aux besoins de la recherche scientifique. Les murs épais d’un mètre permet abriter et protéger les accélérateurs de particules de toute interférence extérieure et de contrer les rayons X et rayons gamma. Les portes de protection sont aussi en béton de même épaisseur. Cette construction pourrait illustrer un comic de chez Marvel. Le soubassement en béton brut avec ses pétales en forme de disques épais a son intérêt et lui donne cet air brutaliste. La couleur orange du bâtiment intermédiaire propose un équilibre au niveau du contraste des couleurs. Pour couronner le tout, il arbore des menuiseries en aluminium de Jean Prouvé avec ses panneaux sandwich texturés et ses fenêtres fixes ou coulissantes.

L’Institut de Physique Nucléaire est placé à l’extrémité Nord-Ouest de la Faculté des Sciences. La situation géographique s’explique par les recherches bien particulières qui nécessitent des mesures de protection.

Cet isolement volontaire s’explique dès l’origine par le caractère particulier des recherches et la nécessité de mesures de protection.

Le “Diamant Noir” demeure un symbole de l’innovation scientifique et de l’architecture moderniste à Lyon. Il illustre la manière dont l’architecture peut évoluer avec la technologie, tout en conservant une identité forte, marquée par la vision d’un architecte qui a su allier esthétique et exigences techniques dans un édifice durable et classé aujourd’hui comme remarquable.

Vous trouverez l’ouvrage de Philippe Dufieux ici :

https://presses.univ-lyon2.fr/product/show/9782729712303/jacques-perrinfayolle

Si vous passez à Lyon, vous le trouverez aussi à la belle librairie Archipel, spécialisée en architecture, urbanisme, paysage et design en plein coeur de la ville, 21 place des Terreaux 69001 Lyon. Des expos sur ces domaines sont programmées régulièrement.  La maquette de la ville de Lyon y est aussi présentée, étonnant !

https://www.instagram.com/archipellibrairie/

https://www.archipel-librairie.fr